José Bénazéraf nous a quittés.
Même s’il nous aura tout de même fallu cinq jours pour l’apprendre, la disparition de José Bénazéraf à l’âge de 90 ans (survenue le 1er décembre en Espagne) ne semble pas avoir beaucoup intéressé les médias, même spécialisés. Cela paraît assez étonnant lorsqu’on l’on connaît un peu la carrière de ce cinéaste qui fut, du début des années soixante jusqu’aux années 80, l’une des figures de proue des cinémas érotique et pornographique.
José Bénazéraf naît le 8 janvier 1922 à Casablanca au Maroc, au sein d’une famille aisée qui le pousse vers une carrière politique. José passe donc sans conviction par l’Institut d’études politiques de Paris, mais sa vocation est ailleurs, au cinéma, vers lequel il se tourne en 1956, participant d’abord à la production des Lavandières du Portugal, puis finançant avec les deniers familiaux La Fille de Hambourg, réalisée par Yves Allégret en 1958, et L’Accident d’Edmond Gréville en 1962.
José Bénazéraf donne ses indications en plateau (Hot Vidéo)
Entretemps, Bénazéraf se lance lui-même dans la réalisation avec Le Quatrième Sexe, un premier film sous pseudonyme qui restera obscur, mais surtout avec L’éternité pour nous (aussitôt rebaptisé Le cri de la chair par le distributeur pour raisons commerciales…), tourné en 1961. Refusé par le CNC, le film est d’abord distribué à l’étranger, où il connaît un franc succès qui débouchera sur une sortie française au début de l’année 1963.
La carrière de Bénazéraf est lancée, ainsi que son style très Nouvelle Vague mais si caractéristique, mêlant érotisme et rhétorique politico-philosophique. Jusqu’au début des années 70, il va tourner une vingtaine de films souvent plus provocateurs que scabreux, parfois franchement jubilatoires comme le fameux Joe Caligula en 1966, confronté à une censure dénoncée à corps et à cris par son bouillant réalisateur.
L’homme se taille d’ailleurs une solide réputation de grande gueule intransigeante, animant de mémorables débats télévisés avec quelques pudibondes figures qu’il prend plaisir à maltraiter. Avec l’arrivée du porno en 1975, José Bénazéraf multiplie les longs-métrages, toujours plus hard et plus provocateurs, dont certains comme La bonne auberge (1977), Bordel SS (1978) ou Le port aux putes (1984) laisseront une trace indélébile dans l’Histoire du cinéma X.
À partir de 1987, Bénazéraf s’éloigne de la réalisation à laquelle il ne revient que dix ans plus tard, tournant notamment quelques pornos intellos pour le mythique Francis Mischkind, chantre d’Alpha France, avant de prendre une retraite définitive dans son fief neuilléen.
José Bénazéraf (Hot Vidéo)
En quelque 40 années de carrière, José Bénazéraf aura réalisé pas loin d’une centaine de longs-métrages, dont une bonne moitié de films X plus ou moins convaincants, mais dont l’originalité récurrente en font toutefois l’un des metteurs en scène les plus intéressants et prolifiques du porno de l’âge d’or, auquel il aurait été impardonnable de ne pas rendre un hommage bien mérité.
Qu’il repose en bonne place au Panthéon des (vrais) pornographes.
So long, José...